dimanche 10 mai 2009

"Eraserhead" de David Lynch, 1977

L'héritage freudien

Il est admis que les films de David Lynch sont construits comme des rêves ou plutôt comme des cauchemars qui condensent métaphores, symboles et désirs refoulés.
"En réalité, le travail du rêve n'est que le premier et le mieux étudié d'une série de processus psychiques, ceux, notamment, auxquels se ramène la production des symptômes hystériques, angoisses, obsessions, démences, etc. Tous ces processus présentent également les caractères de la condensation et du déplacement, de ce dernier surtout; tandis que le remaniement en vue d'une représentation sensorielle demeure spéciale au travail du rêve."*, et à l'oeuvre de monsieur Lynch pourrait-on ajouter pour compléter cette citation de Freud.
Ainsi, si l'on se prend à regarder "Eraserhead" comme une fable cauchemardesque de la conception, alors ce film un tantinet obscure devient parfaitement accessible.
Par exemple, le "ça" ou encore les désirs du personnage principal y prennent la forme d'une femme aux grosses joues grêlées (photo ci-dessus) et, forcément laide puisqu'elle est à l'image de ce que la conscience refoule.
L'image paternelle, celle de Dieu et de la société toute entière, est aussi incarnée dans le film par un personnage assez laid, un homme qui tient les commandes d'une curieuse machine. Ici encore le message est clair car, qui tiens la barre de la psyché ? Le "surmoi" ou encore l'autorité et l'éducation qui empêchent nos désirs inavouables de se réaliser.
Ces deux symboles étant repérés, le déroulement de l'intrigue devient évident et l'on peut interpréter "Eraserhead" suivant la méthode préconisée par Freud pour décrypter un rêve.

Il est né le divin enfant

"Eraserhead" nous parles des bouleversements psychiques après l'arrivée d'un enfant au sein du couple. Henry, le personnage principal, après avoir mise sa fiancée enceinte, se trouve obligé de l'épouser : première entrave à sa liberté.
Il s'avère également que leur enfant n'est autre qu'une sorte de larve répugnante, un monstre, c'est-à-dire qu'il symbolise l'angoisse principale de toute femme enceinte qui est de mettre au monde un enfant anormal. Mais au-delà de ce symbole, le têtard nouveau-né incarne également l'étrangeté de tout bébé qui arrive au sein d'une famille. Il est celui qui dérange, qui braille et qui ne ressemble franchement à rien, ce fameux "petit monstre" comme on qualifie les enfants turbulents.
La venue de cette anomalie naturelle fait voler en éclat le couple qui l'accueille, comme c'est bien souvent le cas dans la réalité. Sa mère n'en peut plus et quitte le domicile conjugal pour ne plus l'entendre brailler. Le cinéaste étant un homme, il a bien du se demander comment faisaient les femmes pour supporter les cris de leur progéniture. Il y a d'abord le "surmoi" ou le sens des responsabilités qui oblige chacune à s'occuper de son petit car la socitété juge très durement les mères démissionnaires. Mais il y a aussi une hormone, la prolactine, sécrétée après l'accouchement qui favorise la montée de lait bien sûr, mais aussi et surtout qui provoque un attachement à l'enfant. Cette véritable hormone de l'amour est également sécrétée lors des rapports sexuels, favorisant, là encore, le lien entre les adultes de l'espèce humaine qui copulent. Un lien qui sera utile si un petit nait de cette union par exemple.
Pour finir concernant le "surmoi" de la mère et sa sécrétion de prolactine, aucun des deux ne semble suffisant puisqu'elle décide de partir et d'abandonner son enfant dans notre film-cauchemar. Dès lors, Henry se retrouve seul avec son monstrueux bébé.

What's on a man's mind

Et que se passe-t-il dans la tête de cet homme à partir de la naissance ? Il se sent piégé. En témoigent la pièce aux fenêtres murées dans laquelle il évolue ainsi que son rêve où l'on voit son "ça", la femme de la photo, écrabouiller des larves sur le sol, les petits avortons ressemblant à son fils ou sa fille. Henry rêverait de se débarrasser définitivement de sa progéniture qui lui bouche l'horizon pense-t-il.
L'amour maternel ou paternel est ambivalent et les parents ont toujours ce fantasme profondément refoulé de tuer leur propre enfant. Heureusement, très peu passent à l'acte. Henry fait pourtant partie de ces derniers mais avant de passer à l'ultime solution, il va tenter une aventure amoureuse pour sortir de cette nouvelle prison.
La voisine, particulièrement sexy, débarque chez lui en le provocant et ils finissent la nuit ensemble. David Lynch nous explique ici pourquoi nombres d'hommes trompent leur femme au moment où elle est enceinte ou lorsqu'elle vient d'accoucher. Il ne s'agit pas vraiment d'une question de kilos superflus mesdames, mais plutôt d'un besoin d'ouverture vers l'extérieur, de liberté, besoin que vient combler l'aventure extra-conjugale. Henry part donc chercher juste un peu d'air auprès de cette voisine.
Puis vient la culpabilité qui accompagne l'adultère et la peur de la punition. Henry fait un rêve sanglant au cours duquel il finit par se faire décapiter. On peut dire que la culpabilité a fini par "avoir sa tête" et que ce cauchemar lui sert à expier sa faute, au moins symboliquement.
Toutefois, l'aventure avec sa voisine tourne vite court car elle ramène chez elle un nouvel homme très peu de temps après. Lorsque Henry s'en rend compte, il est furieux et c'est ce qui provoque chez lui le fameux passage à l'acte. Il éventre son petit et le regarde mourir tandis que son "surmoi" (l'homme aux commandes) se met en colère et que son "ça" (la femme aux grosses joues) le serre tendrement dans ses bras, en remerciement d'avoir accompli ce désir d'infanticide refoulé.

Du bonheur d'enfanter

Quelle est donc la leçon que les couples peuvent tirer de ce chef d'oeuvre de Lynch ?
Il me semble qu'il nous recommande de lâcher du lest et de s'offrir des appels d'air lors de la venue d'un enfant. On l'a vu précédemment, c'est parce qu'il n'a plus aucune porte de sortie, pas même la voisine, que Henry succombe à ses désirs primaires.
Mettre au monde des enfants est, de mon point de vue, une aventure qui comble et enseigne énormément mais elle ne doit pas faire oublier à chacun que sa propre vie est ailleurs, la où chacun doit choisir de la faire.

* "Le rêve et son interprétation", Freud, 1925 Traduction française.

samedi 2 mai 2009

"Chéri" de Stephen Frears, 2009

Colette aux Amériques

"Chéri" est mon roman préféré de Colette, pour la délicatesse avec laquelle les sentiments y sont décrits mais aussi, et surtout, parce qu'il s'agit, une fois de plus, d'une histoire d'amour incestueuse. La question que je me posais donc en allant voir cette adaptation de mon livre fétiche était : un réalisateur anglais sera-t-il capable de retranscrire toute la sensibilité de l'auteure française au travers d'une superproduction hollywoodienne, quand bien même ce réalisateur serait Stephen Frears, le spécialiste des grandes fresques historiques ("Les liaisons dansgereuses", "The Queen") ? Le pari est plutôt réussi, je dois l'admettre, malgré quelques déceptions mineures.

Chéri et Nounoune

Première déconvenue : Chéri n'est pas très beau alors que le personnage de Colette est sensé posséder, au-delà de sa jeunesse, la beauté du diable. En témoignent les 2 passages où il parle de ses yeux en forme de "sole" qui font la particularité de son regard d'éphèbe ravageur. Toutefois, Rupert Friend/Chéri joue à la perfection la nonchalance et l'arrogance, ce qui lui donne le supplément de charme et la crédibilité qui compensent sa carence esthétique.
Sa mère, Kathy Bates, courtisane qui a eu son heure de gloire et qui ne ressemble plus à rien aujourd'hui est parfaite en rombière enrichie et totalement irresponsable. L'époque voulait que les femmes de la haute société n'élèvent pas leurs enfants mais le fait est largement souligné, peut-être même trop, dans le film de Stephen et l'on comprend vite pourquoi Chéri a du se chercher une mère de substitution en la personne de Michelle/Léa. Cette amie de sa mère, sublime Michelle Pfeiffer, a pris le relais de l'éducation de Chéri et s'occupe même de son apprentissage sexuel, sous le regard bienveillant de la propre maman du jeune garçon. Il l'appelle Nounoune, elle le nomme sa Beauté, elle le couvre d'attentions et de cadeaux. Il se comporte avec elle en petit garçon gâté, en courtisane, tout comme elle-même s'est toujours comportée avec les hommes. Est-ce un retournement de situation ? Faut-il toujours aller trouver ailleurs l'affection qu'une mère n'a jamais donné ? Est-il possible de faire le deuil de cet amour qui n'a pas existé ?
Le roman de Colette et le film de Stephen Frears nous proposent une réponse négative à ces questions. Chéri et Nounoune se séparent car l'éphèbe doit épouser une jeune fille et offrir une descendance à sa mère. Notons ici que l'enfant n'a que des devoirs envers ses parents et aucun droit en retour, société où les traditions maintiennent les générations naissantes dans un état de dette envers leurs aînés.
Chéri ne se remettra jamais de cette rupture et ira jusqu'à se donner la mort car il n'a pas su couper le cordon et il n'a pas été capable de faire sa vie en dehors de l'amour de sa mère de coeur, Nounoune.

No country for old women

Second sujet que le film effleure sans véritablement le développer : comment font les femmes qui ont été belles, voire très belles, pour supporter de vieillir. À ce titre, le choix de Michelle Pfeiffer, la plus belle actrice d'Hollywood (après Uma), est parfaitement judicieux. Toutefois, elle est magnifiquement mise en valeur, les images du film étant toutes plus époustouflantes les unes que les autres. Habillée de longues robes fluides mauves ou bleues ciel, entourée de mobilier Art Nouveau très sophistiqué et harmonieusement agencé, tous les plans semblent avoir été pensés pour mettre en valeur les yeux bleus magnétiques de Léa/Michelle/Nounoune. Dans cette mesure, on se demande bien pourquoi cette beauté, encore à son apogée, se soucierait bien de vieillir. Dans le roman de Colette, la véritable Léa présente au contraire des signes de vieillissement et de longs passages du livres décrivent son cou ravagé, par exemple, qu'elle s'escrime à masquer en portant toujours des foulards. Et si Chéri cherche une maman en elle, c'est bien pour conjurer le temps qui passe que Nounoune ne prend que des amants très jeunes. Seulement, en ce qui concerne Chéri, elle se retrouve prise au piège et tombe réellement amoureuse de lui ce qui l'amène à souffrir atrocement, le comble de l'horreur et du déshonneur pour une courtisane qui se doit de ne jamais s'attacher.
Il y a également un passage du livre que l'on ne retrouve pas dans ce film et qui en dit long sur le dégoût que lui inspire la vieillesse. Léa tente d'avoir un rendez-vous avec un homme de son âge (la cinquantaine). Ils sortent au restaurant, elle l'observe sous toutes les coutures et, même à la lumière de la bougie, elle ne voit que les signe de sa déchéance physique. Finalement Léa finit par se sauver et rentre chez elle sans demander son reste, laissant le monsieur en question seul avec ses interrogations.
Une autre stratégie pour conjurer la vieillesse est évoquée dans ce livre et dans le film, c'est d'ailleurs la source de tous les problèmes de Chéri et Nounoune. Kathy Bates considère depuis longtemps que la lutte contre le temps qui passe est un combat perdu d'avance. Elle a donc déjà renoncé à la beauté, à l'amour aussi, mais elle se console, a priori sans aucune aigreur, avec l'argent qu'elle a accumulé pendant ses années fastes. Enfin, elle décide de se faire faire des petits enfants pour "redonner du sens "à sa vie de vieille femme.
Une leçon que nous donnait Colette et que nous rappelle Stephen Frears, avec le temps, tout s'en va. Les seules choses qui restent sont celles que l'on a construites au cours de sa vie, les enfants et les petits enfants étant le meilleur exemple de construction qui remplit une vie et, surtout, qui permet de rester tournés vers l'avenir sans s'enterrer dans une nostalgie morbide.



mardi 21 octobre 2008

Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen, 2008

Woody VS Pedro

Lassé de ses compatriotes et des tours de Manhattan, Woody Allen a choisi de tourner son dernier film à Barcelone avec, d'une part des comédiens 100% américains et, d'autre part, des acteurs désormais hollywoodiens mais que nous avons découvert via le cinéma espagnol : Javier Bardem, le chouchou de José Juan Bigas Luna, et Penelope Cruz, égérie du cinéma d'Almodovar.
Afin de nous démontrer que les États-Unis ont aujourd'hui perdu ce qui faisait leur essence, la passion, Woody choisit de filmer Barcelone comme il aurait filmé NYC. Effectivement, force est de constater que ça ne fonctionne pas. Filmée du dessous, sans aucun artifice chromique, la ville européenne perd tout son charme et ne dégage absolument rien.
La démonstration visuelle faite, Woody entreprend de nous prouver également qu'entre les espagnols, européens au sang chaud, et les américains blasés, gavés, désincarnés, il existe un monde qui dépasse désormais largement l'océan atlantique.
Ainsi, durant les 3 premiers quarts d'heures du film "Vicky Cristina Barcelona", on s'emmerde ferme, les quelques interventions de Javier Bardem ne suffisant pas à briser l'ennui qu'ont installé les 2 actrices américaines Scarlett Johansson et Rebecca Hall. Cela dit, au passage, la blonde passionnée au rabais et la brune psychorigide parfaitement dénuée d'émotion sont toutes deux terribles dans leurs rôles. Le résultat escompté est obtenu, après 15 minutes, on n'en peux plus de les voir ces deux-là... Et on atteint le comble de l'agacement grâce au petit ami de Rebecca Hall/Vicky, un "winner" puritain et affligeant, au physique caricatural et au sourire excessivement maîtrisé sur toute petite bouche en cul de poule.
On l'aura compris, les américains sont chiants à tout vouloir contrôler, ils n'ont plus aucune passion. Comment en est-on arrivé là quand on sait que ces mêmes personnes viennent, elles aussi, du vieux continent ? Celui de Barcelone justement où Penelope et Javier laissent exploser leur passion avec une voracité tragi-comique durant toute la seconde moitié du film ?
Cela, Woody ne nous le dit pas.

Pulsion de mort/Pulsion de vie

Cristina/Scarlett Johansson a beau porter un prénom "qui sonne latin", on découvre vite qu'elle est finalement loin de la blonde fantasque et voluptueuse qu'elle croit être. Elle s'en rend bien compte au contact du couple Penelope/Javier. Elle qui se prenait pour une artiste n'est qu'une coquille vide, une "brioche sexy" comme dit d'elle Virginie Despentes. La blonde en chair, l'oeil vide et l'expression inexistante, incarne parfaitement l'absence, comme elle le faisait déjà si bien dans "Lost in translation". Comédienne insipide ou nouvelle Marilyn Monroe ? Scarlett me pose question et semble toujours osciller entre ces deux pôles...
Par contraste, Penelope Cruz serait presque en train de surjouer l'excès. Le décalage entre les êtres inanimés d'une part et les vivants de l'autre nous saute donc à la figure. D'ailleurs, le couple Penelope/Javier a beau se menacer régulièrement avec un flingue, faire des tentatives de suicide régulières, on comprend vite que ce ne sont pas eux qui sont prêts de mourir. Les américains selon Woody, avec leur volonté d'éviter toute mise en danger, tout comportement à risque (prendre l'avion avec Javier comme pilote par exemple), sont définitivement morts. Les clichés sont balayés par le réalisateur et la pulsion de vie est ici beaucoup plus manifeste chez le couple sado-maso des espagnols que chez le couple américain lisse que constituent Vicky et son mari. Un couple pourtant plein de projets de construction, comme celui de se marier à Barcelone justement...

Jules et Jim

Enfin, puisque les américains ne sont plus capables d'exister alors au moins Woody leur redonne une utilité dans ce film en les replaçant au rang d'objets qui va nourrir la passion des européens.
Situés au centre de l'intrigue, les amoureux espagnols, n'arrivent pas à vivre ensemble jusqu'à ce qu'ils découvrent que tout redevient possible en présence d'une tierce personne. Et peu importe la personne, du moment que l'emballage est attrayant. Ils font donc un premier essai avec Cristina/Scarlett. Essai concluant, sauf que Cristina finit par décider de repartir aux États-Unis, estimant qu'elle a assez goûté à l'excentricité européenne. En effet, elle a eu ce qu'elle cherchait, non pas sa petite dose d'émotions fortes car on perçoit bien qu'elle ne ressent rien lors de ses ébats avec le couple, non elle revient juste avec un souvenir original de l'Espagne, quelque chose à raconter. On le constate à plusieurs reprises, les moments les plus exaltants pour elle sont ceux où elle peut, enfin, raconter à sa copine Vicky, ce qu'elle a "vécu" avec le couple infernal.
Mais les amoureux ne se découragent pas et Javier entreprend de remplacer Cristina par Vicky puisque la seconde a aussi un physique suffisamment attrayant. Manque de bol, c'est Penelope Cruz qui fait un faux pas et fait fuir la brune américaine, pourtant décidée 5 minutes plus tôt à tirer un trait sur sa prison dorée pour, enfin, vivre vraiment quelque chose.
La brune américaine ne vivra donc rien. Tant pis pour elle.
On compte bien sur notre couple passionné pour trouver une troisième personne-objet qui restera enfin et leur permettra de laisser leur amour se déployer pleinement. Javier, croisement surréaliste entre Rocco Siffredi et Antonio Banderas, a suffisamment de sex-appeal pour conquérir de nouvelles recrues.
"Vicky Cristina Barcelona" n'est donc pas parfaitement un remake du mythique Jules et Jim puisque dans le film de Woody Allen il s'agit bien d'un couple qui cherche un instrument pour assouvir sa passion, tandis que dans le film de François Truffaut, il était question d'un vrai "couple à 3" où personne n'était remplaçable. En effet, Jules aimait Jim avant même de rencontrer Jeanne Moreau, la femme qui allait encore les rapprocher.
Et puis dans Jules et Jim, il y avait beaucoup de difficulté à vivre cet amour à 3 tandis que le film de Woody Allen est parfaitement optimiste sur la passion du couple Javier/Penelope. Certes, ça n'aura pas marché cette-fois là avec les 2 petites américaines mais ça fonctionnera une prochaine fois, aucun doute. On le sait puisqu'on sort de la séance avec le sourire aux lèvres, après avoir pris plusieurs fou-rires dans la salle.
Et tant qu'il y aura des américains pour regarder vivre les européens, alors Woody Allen pourra continuer à faire des films sur l'amour.

samedi 20 septembre 2008

Kill Bill Volumes 1 et 2 de Quentin Tarantino, 2003

Je ne reviendrai pas sur la dimension purement cinématographique de ce chef d'oeuvre, d'autres l'ont fait et bien mieux. C'est d'un point de vue psycho-socio que la saga Kill Bill a trouvé écho en moi.
L'exercice, très réussi, d'un passionné de séries B est aussi un drame familial qui m'a beaucoup renseignée sur mes propres obsessions. Une maman idéale, un papa incestueux, deux substituts paternels bienveillants et deux enfants. Forcément, il y a aussi un peu de votre famille dans ce film.
Enfin, "Kill Bill", comme avant "Jacky Brown" et après "Boulevard de la Mort", est un manifeste féministe qui en dit long sur le chemin qui reste à parcourir de ce côté, même en occident.

Big mama

Béatrix Kiddo, dite aussi Kiddo (l'enfant) ou The Bride (la mariée) ou Black Mamba, à l’époque où elle faisait encore partie du gang des Vipères Assassines, ou encore Paula Schulz quand on l'enterre vivante... La plus belle actrice d'Hollywood ne pouvait décemment pas posséder un seul nom ou pseudo car elle est la démesure incarnée, son personnage aussi. Une des raisons pour lesquelles Beatrix Kiddo sera éternellement Uma Thurman et inversement. D’ailleurs Quentin lui-même a admis, lors d’une interview aux Cahiers du Cinéma, que si tous ses personnages lui appartenaient, la mariée était devenue la propriété d’Uma. Tout comme Samuel Jackson a gagné le droit de posséder le personnage de Jules dans Pulp Fiction, mais cela, c’est une autre histoire.

Toutefois, est-ce la beauté ou la démesure de Béatrix qui m’a frappée la première fois que j’ai vu cette saga ? Je dirais la démesure dans le volume 1 car il y a cette bagarre monumentale, seule contre les Crazy 88, qui annule tout le reste du film, et la beauté dans le volume 2 qui s’ouvre tout de même sur cette image d’Uma en mariée enceinte. "La plus belle mariée qu'il m'ait été donné de voir" dit Bill, m’enlevant à ce moment-là les mots de la bouche. Une scène d'ailleurs d'un romantisme absolu avec une tension érotique palpable entre les deux acteurs.

Démesurément belle, grande et forte, au final, la mariée a tous les attributs de la mère idéale, celle que j'aurais probablement aimé avoir, celle que j'aimerais certainement être :
Elle a de grands pieds, on les remarque dès le volume 1 et je serais tentée de dire qu’on frôle le 43. Quelle grâce quand elle entreprend de les faire bouger à nouveau après 4 ans de coma. "Bouge ton gros orteil... le plus dur est passé", pense-t-elle tout haut. Ouf ! On comprend bien que c’était un sacré travail de mouvoir à nouveau des pieds comme ceux-là. On les retrouve d'ailleurs dans le volume 2, qui dépassent de sa robe de mariée pourtant bien ample et déployée par le volume de son ventre de femme enceinte. Ils sont beaux, racés et campés dans le sol. D’autant plus qu’Uma a choisi de les habiller d’une paire de spartiates. Ses pieds de géante bien à plat, elle est dotée d'une base solide car Kiddo est une super héroïne que rien ne fera jamais tomber, une maman hors du commun qui se dressera toujours droite face au danger pour sa fille.
Bref, j'ai toujours eu un faible pour les pieds d'Uma Thurman.
Béatrix a les hanches larges aussi, bien sûr, car c’est une vraie génitrice. Elle a donné la vie en donnant de sa personne et elle en garde les stigmates.
Mais la mariée a également des jambes interminables qui, toutefois, servent moins cette image de mère idéale et indestructible que celle de la femme fatale. Car Kiddo semble avoir physiquement résolu un dilemme auquel nous sommes nombreuses à nous cogner encore souvent : elle est à la fois mère et femme. Femme fatale, femme-enfant comme l’indique son nom (kid-o), femme-homme aussi avec un véritable pénis en acier et bien sûr mère aimante de la petite BB.
Enfin, la silhouette étrange de Beatrix est complétée par 2 longs bras ballants et musclés, dont elle ne semble jamais vraiment savoir que faire.
Uma a d'ailleurs toujours l'air très embarrassée par ce corps démesuré et elle avance, l'air gauche et les jambes en X, ce qui lui donne une allure dégingandée d’une élégance incroyable. Comme tous les super-héros, Béatrix n'est pas très à l'aise avec ses super pouvoirs en vérité.
Quant au visage d'Uma, il est tout aussi "big" que son corps.
Sa bouche est généreuse, son nez est long et "Picassien", le renflement de ses narines lui donnant l'air d'être perpétuellement en colère. Et ses grands yeux bleus en forme d'ogives, achèvent le tableau d'une femme hors du commun.
"La plus belle pétasse blonde que t'aies jamais vue", dit à son sujet le frère de Bill.

Lemon incest

Mais si Beatrix est aussi baptisée l'enfant (Kiddo) alors qui sont ses parents ? "Je n'ai pas de famille", nous dit-elle pendant la répétition de son mariage. Alors comme elle est seule au monde, on comprend facilement qu'elle se soit choisit un père d'adoption en la personne de Bill. Cet homme qui lui ressemble étrangement, y compris physiquement, l'a prise sous son aile, l'a formée, faisant d'elle une tueuse hors pair. Et Bill nous le dit à la fin de cette saga, parmi toutes les femmes qui le secondent, Uma est sa petite préférée.
Seulement voilà, le jour où Beatrix grandit et part voler de ses propres ailes, notamment parce qu'elle est en train de devenir maman et qu'elle doit rejoindre le monde des adultes, Bill ne la laisse pas partir. Qu'est-ce donc qu'un père qui, non seulement couche avec sa fille et la met enceinte, mais qui, en plus, ne veut pas la laisser vivre sa vie de femme une fois qu'elle n'est plus une enfant ? Un papa incestueux, un mauvais papa. C'est pour cette raison que la mariée va devoir finir par l'éliminer et tuer le père.
C'est pourtant un vrai déchirement pour celle qui finit par se tordre de douleur en cachette après avoir abattu le seul homme qu'elle aime. Mais c'est aussi une nécessité, une question de survie car Uma a choisit la vie, à savoir son enfant versus ses parents.

Toutefois, si Bill est l'exemple type du mauvais père dans ce film, Tarantino ne condamne pas la fonction paternelle dans son ensemble et il nous propose même 2 modèles de papas qui semblent tout à fait recommandables.
Le premier, gentil, bienveillant et humble, est un Japonais. Hattori Hanzo se prend d'affection pour la jeune Kiddo et lui confectionne un sabre, dont la réputation n'a d'égale que le tranchant. Avec, elle va pouvoir faire de son gros poisson, Bill, un tout petit sushi. Ce cadeau d'un pénis géant est une belle métaphore de la transmission paternelle : le père offre son pouvoir (son sexe) à sa protégée avant de prendre définitivement sa retraite.
Le second papa, est un être assez détestable, au premier abord, dur et impossible à contenter : Paï Meï. C'est sur l'insistance de Bill lui-même que Kiddo passe plusieurs années à ses côtés, gagnant ses grâces à la force du poignet, ou plutôt des phalanges, si l'on pense à la scène où Paï Meï demande à Uma de taper du poing sans relâche sur une planche en bois afin que ce soit finalement "la planche qui aie peur d'elle" et non plus l'inverse. Le vieux Chinois est intransigeant, difficile à dérider et il méprise la jeune occidentale. C'est d'ailleurs dans ce passage du volume 2 que les dialogues désopilants de Quentin Tarentino prennent toute leur ampleur : "Lève-toi et laisse-moi voir ton visage ridicule", dit Paï Meï le rabougri, à l'immense Uma Thurman. Très drôle.
Mais cet homme-là, aussi dur soit-il, lui sauve la vie. Et deux fois.
C'est grâce à lui qu'elle réussit à se sortir de la tombe alors qu'elle a été enterrée vivante par le frère de Bill. Enfin, c'est grâce à sa "technique des cinq points et de la paume qui font exploser le cœur" qu'Uma finit bel et bien par tuer Bill. Pour ces raisons, Paï Meï cumule tous les attributs du bon papa qui n'a effectivement aucune complaisance, mais qui ne convoite pas sa fille sexuellement et, surtout, qui lui enseigne tout ce qu'elle doit savoir pour se défendre et rester en vie.

Quentin et les femmes

Le premier film de Tarantino, "Reservoir Dogs" est un film d'hommes, le second, "Pulp Fiction" est mixte avec plusieurs personnages masculins assez ridicules (Travolta et Samuel Jackson en bandits-pipelettes) et déjà de beaux personnages féminins comme Uma Thurman en fiancée du pirate. Peut-être avait-il besoin de s'imposer auprès d'un public viril avant de développer un discours de plus en plus féministe et radical, mettant en scène la superbe Pam Grier dans "Jacky Brown" puis Uma dans "Kill Bill" et, enfin, une armée de femmes fortes, solidaires et décomplexées dans "Boulevard de la Mort".
La mariée, nous l'avons déjà vu, est une superwoman, qui extermine tous ceux qui se mettent en travers de sa route. Bulldozer imperturbable mais toutefois sensible quand il s'agit de sa fille ou de son homme, Beatrix incarne la femme nouvelle génération selon Quentin. Elle est totalement libre et elle n'a besoin de personne, réellement. Elle se mesure aux hommes de la même façon qu'elle défie les femmes. Face à ce genre de personnalité, le frère de Bill fait figure de cow-boy ringard et pathétique. Il le reconnait d'ailleurs lorsqu'il dit : "Cette femme mérite sa vengeance et nous méritons de mourir". Et quand il dit "nous", il veut dire les hommes en général, ceux qui ont cherché à entraver la liberté de Kiddo.
Car ils sont nombreux à vouloir lui faire payer son autonomie. Il y a Bill bien sûr, mais aussi, par exemple, ce gardien d'hôpital qui profite de son coma pour la louer aux nécrophiles de passage. En effet, personne ne peut véritablement posséder la mariée tant qu'elle est en vie. Alors quand elle se retrouve inerte, les charognes rappliquent. Voilà ce qui menace donc la femme libre, sitôt quelle s'arrêtera de bouger, on lui fera payer sa liberté en la remettant à sa place d'objet de décoration et de consommation.

Enfin, Quentin nous rappelle qu'une femme qui veut s'émanciper ne devra rien attendre des hommes et devra se résigner à une certaine solitude. Kiddo est libre et... éternellement seule comme lui fait remarquer Bill lors de la répétition de son mariage : "On se sent toujours un peu seul à tes côtés". Et c'est effectivement l'image que nous renvoie cette affranchie qui ne desserre jamais les dents.
Pour cette raison, la victoire finale de la mariée a un goût d'amertume. Beatrix a atteint son but ultime en éliminant Bill. Mais on sait aussi, lorsqu'elle s'en va avec sa fille sous le bras, qu'elle vient d'éradiquer le seul homme de taille à être son compagnon.
Une façon pour Tarentino de nous rappeler que la liberté se gagne au prix de sacrifices, parfois inhumains.

mardi 9 septembre 2008

Bad Lieutenant d'Abel Ferrara, 1993

Le frère ennemi

Il y a toujours une dimension naïve dans les films d'Abel Ferrara et c'est probablement une des raisons pour lesquelles Les Cahiers du Cinéma l'ont baptisé "Petit Maître", par opposition aux Grands du 7e Art. Cela dit, la façon dont il use et abuse du symbole et de l'iconographie religieuse, dans ce qu'elle a de plus kitsch ne me semble pas être une raison valable pour le taxer de "petit" cinéaste, cette fascination enfantine étant parfaitement assumée et revendiquée par Abel. Par ailleurs, sa recherche de pureté et de beauté dans tous les lieux les plus sordides de la ville et de l'humanité ne font pas de Ferrara un idéaliste simpliste, mais plutôt un artiste hors normes qui revendique sa foi en l'être humain. Qui revendique sa foi tout court d'ailleurs. Une posture extrêmement courageuse en ces temps de cynisme généralisé.
Cela posé, il est vrai que le travail de ce réalisateur est globalement inégal, "le mauvais lieutenant" étant l'une de ses plus belles réussites.

La maman et la putain

"Bad Lieutenant" est avant tout un film qui parle d'Amour. Et de foi, ce qui revient au même finalement.
Il est bien sûr ici question de rédemption, un thème cher à Abel. Mais, au-delà des questions du bien et du mal, il me semble que ce film nous questionne sur ce qu'est l'amour véritable, ou plutôt ce qu'il devrait être.

Harvey Keithel, monstre massif, incarne un flic ravagé, hypersexué et parfaitement nauséabond, véritable incarnation mal. Et puisqu' Harvey joue le rôle de Satan, il est forcément sexy en diable. À ce titre, la fameuse scène où il profite sans vergogne de son statut de flic pour réclamer de deux ados effrayées que l'une simule une fellation tandis que l'autre lui montre ses fesses est d'une tension érotique quasi insoutenable. Interminable et excitant, parce que c'est mal et malsain, tout simplement.
Mais jusque là, Abel ne prend pas de risque, il nous rappelle juste ce que nous savons déjà. La tentation du mal est irrésistible.

Là où le propos devient beaucoup plus audacieux, c'est lorsqu' apparaît cette bonne soeur, victime du viol de deux kids, dont elle connait par ailleurs l'identité. Bien sûr, elle n'a rien de crédible en nonne car elle est belle comme une Madone et sexy comme une lap-danceuse avec ses lèvres rouges vermillon. Pourtant, on a envie d'y croire...
Et lorsqu'elle souffre, le Christ saigne sur sa croix. Et lorsqu'elle pourrait obtenir vengeance, elle pardonne. Le "mauvais lieutenant" en perd forcément son latin. Le spectateur aussi.
Objet de curiosité, la nonne vertueuse devient vite un objet de désir pour le lieutenant. Pour nous aussi. Qu'est-ce qui fascine ainsi chez cette femme que la tentation du mal ne semble jamais avoir effleurée. Est-ce la dimension masochiste du personnage ?
Je pense que c'est beaucoup moins évident que ça. Cette beauté inaccessible est tout simplement "la femme idéale". Et, telle une mère, lorsque ses enfants la blessent, elle pardonne parce que son Amour est inaltérable. Et telle un objet de désir, elle s'offre sans retenue à ses violeurs, comme elle s'offre à Dieu. C'est probablement, au-delà de son physique, ce qui rend cette femme si sexy.
Quoiqu'il en soit, je vois chez cette nonne une tentative d'esquisse de l'Amour parfait entre les hommes et les femmes. Un amour céleste certes, mais aussi terrestre, un amour qui réussirait enfin à réconcilier l'affectif et la sexualité.
Et je cite Virginie Despentes** qui cite Pheterson qui cite Freud : "Le courant tendre et le courant sensuel n'ont fusionné comme il convient que chez un très petit nombre des êtres civilisés ; presque toujours l'homme se sent limité dans son activité sexuelle par le respect pour la femme et ne développe sa pleine puissance que lorsqu'il est en présence d'un objet sexuel rabaissé, ce qui est aussi fondé, d'autre part, sur le fait qu'interviennent dans ses buts sexuels des composantes perverses qu'il ne se permet pas de satisfaire avec une femme qu'il respecte."
Ou pour dire les choses plus prosaïquement, je pense également au film "Mafia Blues" et à cette réplique de Bob De Niro à son psy qui lui demande pourquoi il ne réalise pas tous ses fantasmes avec sa femme. Réponse du mafieux, outré : "Enfin, c'est quand même la bouche qui embrasse mes gosses !".

Welcome to Toxland

Dans ce film, il est aussi question d'un autre type de sentiment, un Amour beaucoup plus mystique et insaisissable, celui qui relie à Dieu. Cette Passion, c'est celle de la bonne soeur, qui a dédié sa vie au sacré et qui aime simplement, sans rien attendre en retour, tous ceux qui se présentent. Difficile pour le spectateur de comprendre, de cautionner cette façon dont elle se donne et pardonne sans réserve. "Like all the miserables, they took..."*, c'est ce qu'elle dit de ses violeurs. Aucune rancoeur, aucune amertume, juste de la compassion. Ce sentiment qui nous est globalement assez étranger et qui l'est d'autant plus pour notre flic pourri fascine et suscite l'envie. On comprend bien là que cette femme vit une expérience qui dépasse l'entendement des mortels. Et le côté inaccessible de cet amour là nous pousse à la jalouser forcément un peu. Elle vit une véritable passion divine qui semble transcender sa vie.
De son côté, Harvey multiplie les moments de défonce au crack, et l'effet planant de la substance est très bien retranscrit au travers des images du film. Toutefois, on se rend bien compte que les trips du toxicomane sont bien en-dessous de l'expérience de la bonne soeur au visage lumineux. La foi, cet Amour absolu, est présentée ici comme une véritable drogue supérieure à toute autre.
Et le Bad Lieutenant n'en revient pas d'avoir trouvé là pire toxicomane que lui. Surtout entre les murs d'une église.
Ironie du cinéaste ?

* "Comme tous les malheureux, ils ont pris..."
** in "King Kong Theorie", éditions Grasset

samedi 30 août 2008

Une citation de Benjamin Franklin (Boston, 1706-Philadelphie, 1790)

They who can give up essential liberty to obtain a little temporary safety, deserve neither liberty nor safety.
Ceux qui sont prêts à sacrifier une liberté essentielle pour acheter une sécurité passagère ne méritent ni la liberté, ni la sécurité.

jeudi 28 août 2008

Wall-E d'Andrew Stanton, 2008


Et Apple créa la femme...

La première partie de "Wall-E" est un superbe Chaplin numérique, plein de poésie et de burlesque.
Joli croisement entre un Caterpillar et une paire de jumelles, le personnage principal ne paie pas de mine, et pourtant, il a le charisme inexplicable de son grand frère spirituel E.T. Occupé à nettoyer sans relâche une planète bleue ensevelie sous les déchets, Wall-E semble très seul dans ce paysage monochrome aux reliefs magnifiques et décadents. Alors bien sûr quand arrive LA femme, celle que Dieu a créé, il en tombe immédiatement amoureux. Eve est une ravissante poupée carrossée comme un Mac et aux performances technologiques impressionnantes. Certes, notre petit robot cabossé fait pâle figure à côté mais il est bourré de charme et il va en user. Débute alors un merveilleux ballet aérien et muet entre les deux étrangers qui vont apprendre à s'apprivoiser. Méfiante, elle lui tire dessus. Persévérant, il lui offre tous ses trésors récoltés dans les décharges. Intriguée, elle fronce ses beaux yeux bleus. Grand prince, il la couvre de bijoux (cf photo).
Ils sont seuls au monde, ils n'ont pas d'histoire. Plus rien n'existe avant eux, autour d'eux, rien que leur danse gracieuse et leur relation qui se déploie sous nos yeux. Car c'est ainsi que vivent les amoureux, leurs corps en mouvement dans un espace indéfini fait de légèreté et de bonheur infini.
La première partie de Wall-E est définitivement un moment d'émotion pur, gratuit et sans aucune psychologie. Du vrai cinéma.
La seconde partie, dans l'espace, ne présente, à mon sens aucun intérêt. L'univers est moche, le propos convenu et grossier. Voilà 45 minutes qui, si on les supprimait, feraient de Wall-E l'un des plus beaux moyen-métrages d'Hollywood.